La ville ressemblait à l’univers. C’était
Cette heure où l’on dirait que toute âme se tait,
Que tout astre s’éclipse et que le monde change.
La Légende des Siècles
Victor Hugo
C’est un soir pas bien différent de celui de la veille. Et sans doute pas différent de celui qui se prépare demain. Et pourtant, un soir en entraine un autre. C’est Guillaume Romero qui entame sa quête d’une nuit, celle de “l’habitable inhabité”.
A pieds, à vélo ou par tout autre moyen motorisé, Guillaume Romero arpente en promeneur solitaire l’espace urbain ou péri-urbain à la recherche de bâtiments délaissés, oubliés, emmurés en eux-même, comme déjà séparés du monde – et pourtant là.
A l’en croire, ils sont si nombreux, si bien intégrés au paysage que leur présence devient absence. Du moins, à nos yeux qui ne les voient plus à force de familiarité.
Guillaume Romero, lui, ouvre les yeux et investit de sa présence et de son regard, les espaces traversés.
Voyant, prêt à explorer le monde et son monde intérieur.
… De notre côté, nous voilà invités à habiter, non pas le lieu, le bâtiment mais l’image même, sa construction, sa composition. Des images qui témoignent de l’inlassable travail du temps, du poids de l’histoire et qui en même temps, œuvrent pour susciter un nouveau monde confié à la surface sensible de la pellicule.
Entre pratique documentaire et recherche artistique, Guillaume Romero prouve à sa façon que la photographie est autant un voyage intérieur qu’une découverte du monde réel. Une tentative d’effraction de soi dont l’image conserve la trace, et pour nous, une “pensée-paysage” [1] avec laquelle nous pouvons entrer en dialogue.
“L’habitable inhabité”, c’est cette aventure photographique au fil des chemins du Nord Pas-de-Calais et des rues de Lille, Lens, Valenciennes, Dunkerque… qui vous est aujourd’hui présentée par la galerie Les Bains Révélateurs.
Et si les mots sont inadéquats pour rendre compte du mystère qu’il y a dans toute rencontre esthétique; du moins j’espère que ceux-ci sauront engendrer – en vous, lecteur – une volonté de mouvement, une envie de découverte,
chemin faisant…
Galerie Les Bains Révélateurs
25, rue du Chemin de Fer
59100 Roubaix
C’est important l’adresse d’un lieu pour croiser le chemin d’un voyant.
Jean-Baptiste Guey
Septembre 2014
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