« Passages » Exposition Franck Bernhard – Mai juin 2015

Loin, très loin de la vision romantique du paysage d’un Gaspard Friedrisch où le voyageur contemple la fameuse mer de nuages et domine d’un moi absolu une nature cosmique et mystique hautement symbolique, la série “Passages” nous donne à voir un pélérinage d’été vers un de ces hauts lieux du tourisme régional
– le Cap Blanc-Nez.

On y vient comme on est : toutes générations confondues, seul, en couple ou en groupe, à pieds ou en vélo, avec ou sans enfants, avec les poussettes ou en chaise roulante, en tenue de motard, de cycliste et même en soutane !

Au Cap Blanc-Nez, que voit-on depuis la falaise ? Rien. Juste le ciel et la mer. Oui, c’est cela. Le ciel et la mer. Et l’homme ici ne domine plus rien. Il est là – de passage – face à un paysage qui s’étend devant lui, s’étire à “perte de vue” sans que cette “perte” soit vécue, ressentie comme quelque chose de tragique… C’en est fini de l’idéal de grandeur de la nature et d’union sublime avec elle. De pélerinages imposés en transhumances organisées, nous la traversons d’un pas pressé comme ces hordes de touristes qui n’ont de cesse d’épingler à leur tableau de chasse (Instagram) un panorama de plus, déjà vu et revu.

Non, le vrai spectacle n’est pas dans le paysage. Il est ici.

Dans l’image. Dans sa composition rigoureuse  -les silhouettes des touristes créant une dynamique, une rythmique graphique au gré des couleurs et de leur position dans l’espace du cadre. Dynamique encore renforcée lorsque les images se répondent l’une, l’autre, en série.

Ainsi, Franck Bernhard nous propose une fugue visuelle sans artifice, ironique et tendre qui porte le récit d’une autre fugue : celle des touristes qui passent et repassent dans le panorama du Blanc-Nez, au fil des saisons. Mais surtout l’été, car Franck Bernhard est un photographe des Hautes Lumières.

L’été est sa saison.

Jean-Baptiste Guey
Galeriste, Les Bains Révélateurs

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Posté le

23 novembre 2016